Guy Blackburn
GUY BLACKBURN
Membre de l'Ordre du Bleuet
Texte d'Yves Ouellet
lu à la présentation de Guy Blackburn
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 16 juin 2012
« Faire de l’art est une aventure en soi où l’on prend des risques énormes et où l’on met en jeu toute sa carrière à chaque nouvelle intervention. »
Il n’y a pas plus Chicoutimien que Guy Blackburn, au cœur, à l’âme, à l’esprit et à la manière. Éperdument attaché à son besoin de liberté, tant pour créer que pour vivre, cet artiste en art contemporain est solidement ancré au Saguenay, mais son univers ne connaît aucune frontière.
Guy Blackburn s’abreuve de la rencontre et de la confrontation des idées avec les artistes qui l’entourent. En même temps, il s’inspire depuis toujours de la solitude qui nous isole tous plus ou moins dans la routine d’un travail ou dans des carcans sociaux. Qui pourra reprocher à un artiste contemporain de baigner dans les contradictions? Au moins, lui sait les exprimer et les défendre. Pragmatique lorsqu’il s’agit d’organiser le travail et la vie, il plonge parfois « à la limite du délire », pour emprunter l’expression du critique du Devoir Bernard Lamarche, quand il se réfugie dans la création. Artiste débridé, provocateur, iconoclaste, il est bien souvent incompris, comme tant d’autres, mais il est l’un des rares artistes à pouvoir articuler ses œuvres autour d’un discours étoffé, compréhensible et logique. Il est capable de s’expliquer, de se vendre (mot sacrilège) et de vendre son œuvre (encore plus sacrilège). « Un artiste en art contemporain, c’est quelqu’un qui réfléchit et qui est absolument capable de parler de ce qu’il fait. Il faut qu’il soit capable de communiquer », affirme-t-il.
Le goût de l’art est venu à Guy Blackburn presque tout de suite après celui du pablum. Un peu plus tard quand même… Dès le début du secondaire alors qu’il s’est inscrit en art, même s’il n’y avait que des filles dans cette discipline à la polyvalente Lafontaine. Ensuite, il y a eu les Universités du Québec à Trois-Rivières et à Chicoutimi qui lui ont permis d’entrer facilement en contact avec les milieux les plus chauds de l’art moderne.
Au Saguenay, on a commencé à entendre parler de lui et de ses œuvres lors du fameux Symposium de sculpture de 1980 avec Insertion.
Depuis, Guy Blackburn à presque 35 ans de « métier » dans la tête, des expositions à travers le monde et que de projets à terminer! Le plus important ne demeure toutefois pas de réussir à vivre de son art, mais de protéger sa liberté et « d’être un très bon artiste dans un champ d’action étroitement défini où il reste de moins en moins de monde au fur et à mesure qu’on vieillit », disait-il il y a déjà plus de 10 ans. Il garde quand même une attitude d’ouverture totale dans un travail où il est condamné à l’excellence.
Le plus important problème que Guy Blackburn a vécu, comme il l’a déjà affirmé, consiste à se « voler du temps pour produire ». Du temps qu’il vole à la famille, à la santé, à la vie et à tous les projets qui le sollicitent comme nombre d’expositions qui ont été présentées au centre d’artistes Espace Virtuel et les autres qui se sont succédées partout dans le monde. Il y a aussi toute la question de l’organisation physique du travail des artistes qui le concerne au plus haut point. Lui qui a mis sur pied le collectif du Tout tout et réuni les créateurs en art contemporain dans une ancienne école du secteur du Bassin a aussi voulu donner une voix commune aux artistes auprès des diverses institutions afin qu’ils soient mieux représentés et pris en considération.
Après six ans à Montréal, Guy Blackburn se sentait prisonnier et étouffé dans la ville qui avale les artistes comme bien d’autres forces vives des régions. Il a choisi de revenir vivre à Chicoutimi pour la qualité de vie et pour l’incroyable énergie qui se dégage du milieu régional des jeunes artistes qui l’entourent. Le fait d’être reconnu dans sa région d’origine renforce son sentiment d’appartenance et amène l’artiste à se sentir plus concerné par ce qui se passe dans son milieu de vie. Cela ne l’empêche pas d’avoir le Saguenay–Lac-Saint-Jean comme port d’attache et le monde comme chantier. Ce qui est tout à fait possible dans un univers artistique où les contacts internationaux s’établissent avec une rapidité incroyable dès le moment où des intellectuels et des publications spécialisées commencent à prendre en considération le travail d’un artiste. C’est ce qui provoque un mouvement en chaîne d’invitations dans des galeries ou à des événements partout à travers le monde. C’est aussi ce qui permet à Guy Blackburn de continuer de porter l’énergie créative saguenéenne très loin au-delà des montagnes des Laurentides.
Le 16 juin 2012
GUY BLACKBURN
Pour sa contribution exceptionnelle
Comme artiste innovateur
fut reçu membre de L’Ordre du Bleuet
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mercredi 19 décembre 2012
Guy Blackburn sur vidéo au Gala 2012
Guy Blackburn